Editions de La Pierre Verte

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Monomurs de pierre ponce

Encore un produit qui mérite son petit exposé.

La pierre ponce est une roche naturellement formée avec des bulles d'air, et donc naturellement isolante. Le mot "naturel", ici, a de l'importance, car il indique que la pierre ponce ne nécessite aucun procédé de transformation, ni  cuisson, ni autoclave, ni rien. Elle est pleine de bulles, c'est comme ça. Ces bulles proviennent de la formation de cette roche volcanique.

La pierre ponce est exploitée pour de nombreux usages : pour poncer, d'où son nom, laver, isoler, drainer, filtrer et même, grâce à un ph neutre, pour cultiver des plantes. Elles s'y trouvent bien, avec un quart du volume en terreau, et la poussière de pierre ponce stocke l'eau, espaçant ainsi les arrosages. Pour ce qui est du ponçage, il peut s'agir de celui de nos dents, puisqu'on la retrouve dans les dentifrices. Elle est aussi une composante de lessives. Elle constitue souvent l'une des couches de certains filtres plantés, leurs cavités servant de nids aux bactéries mobilisées pour la phyto-épuration. On en consomme aussi des tonnes en sous-couche drainante pour les routes. Pour les écoconstructeurs, elle se signale comme un matériau de construction minéral isolant naturel.

Selon la Crii-Rad à qui j'ai directement posé la question, la pierre ponce n'est pas dangereusement radioactive, mais elle l'est un peu. En fait, tout dépend du gisement, comme pour toute ressource minérale. Le granit, par exemple, est souvent radioactif, à des taux parfois alarmants. Dans ces deux cas, on trouve heureusement des gisements dont on extrait de la roche sans danger. Concernant les blocs de construction proposés sur le marché, ils ne peuvent être déclarés inertes. Ça crépite quand même un peu, plus que le bruit de fond d'une région calcaire, par exemple, mais moins que bien des endroits habités en France. Sans être risquée, la construction d'une maison entièrement en blocs de pierre ponce demande d'être testée et contrôlée au compteur, et on s'assurera qu'il n'y a pas d'émanations de radon. Par contre, pour la construction de quelques rangs ou d'un mur au Nord, de même qu'en doublement de parois externes, il n'y a rien à craindre.

J'avais écrit dans "Le Guide de l'Habitat Écologique" que la ressource en pierre ponce était limitée. Mais c'était oublier un peu vite que la Terre est un immense volcan et que la pierre ponce se renouvelle sans cesse. De plus, les gisements disponibles sont énormes, en dizaines de millions de tonnes. Un exemple : une société française exploite une carrière en Grèce qui donne huit cent mille tonnes par an depuis trente ans. Cette  société dispose de deux autres sites équivalents, encore vierges. Et de la pierre ponce exploitable, il y en a en Italie, en Turquie, et bien sûr en Islande. Elle est simplement excavée, puis criblée. Les carrières sont remises à l'état naturel après exploitation, comme l'exige la réglementation européenne.

En Argentine, une pierre ponce assez dense permet de tailler des blocs de construction directement dans la masse et ce produit est souvent employé là-bas. Chez nous, on produit des billes et des granulés qui sont ensuite mélangés dans des préparations pour mortiers, en sous-couche de dalle isolante ou en enduit isolant. Un enduit extérieur de chaux et granulés de pierre ponce, en quinze millimètres d'épaisseur, ne suffit pas à isoler une maison, loin de là, mais cela peut venir en complément, un peu comme une chemisette.

Un bloc de construction, mélange de ciment et de pierre ponce, est produit par la société Cogebloc, à Dunkerque. Un autre, le Bisotherm est importé d'Allemagne. Ce béton est malaxé, pressé à froid, puis séché sans cuisson. En trente-cinq centimètres d'épaisseur maximum, l'emploi de ces blocs est le même que ceux des blocs monomurs d'argile cuite ou de béton cellulaire. La proportion de ciment n'est pas très importante, huit pour cent, et ce ciment est du clinker pur. Comme pour les autres blocs monomurs légers, la mise en œuvre est aisée. Un ciment-colle est disponible, mais les deux sociétés proposent un mortier de pierre ponce prêt à l'emploi pour faire les joints. Ce mortier est lui-même isolant, ce qui efface tout risque de ponts thermiques, même infime. Ainsi, la mise en œuvre ne change pas les maçons de leurs habitudes, et on obtient un mur isolant très homogène.

Le coefficient de conductivité thermique de ces blocs est de l'ordre de 0,12, ce qui ne donnera pas une isolation renforcée comme nous l'entendons dans l'écoconstruction, même si ces blocs répondent à la réglementation RT2000. Heureusement, on trouve des blocs assez épais, plus de 35 cm d'épaisseur, ou bien on construira au Nord en doublage de paroi, en blocs de vingt centimètres.

Comme étudiée en détail dans "J'attends une maison", la sensation de confort ne tient pas qu'à la température de l'air d'une pièce. Il est principal que les murs ne soient pas froids, et donc bien secs. Les blocs de pierre ponce ne retiennent pas l'humidité au-delà de trois pour cent, ce qui est très peu. C'est un avantage notable pour le confort thermique, mais un éventuel inconvénient si la vapeur d'eau interne à la maison n'est pas régulée efficacement. On peut donc chaudement recommander les blocs de pierre ponce pour couper une construction de l'humidité et des remontées capillaires, aussi bien en sous-sol qu'en premier rang pour les maisons bois ou paille. Pour les murs eux-mêmes, leur sécheresse garantira longtemps les performances isolantes et on mariera la pierre ponce avec d'autres matériaux plus hygroscopiques (tissus, bois, carreaux de terre cuite, enduits de terre, etc).

Les blocs de pierre ponce ont de bonnes performances acoustiques et d'isolation phonique. Ils sont classés M0 au feu, ininflammables, et ils ne dégagent aucune substance toxique. Ils sont également insensibles au gel. Bon produit, à n'en pas douter.

 

 
 
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