Editions de La Pierre Verte

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Liège

Le liège est un matériau étonnant. Plein de qualités, possédant des caractéristiques uniques, il semble avoir été conçu par la nature pour venir en aide aux écoconstructeurs. Au départ, c'est pour se protéger du feu que le chêne a développé une parade : une écorce ininflammable qui permet à l'arbre de survivre à un incendie, le liège.

Son usage remonte à la nuit des temps. Il est léger et étanche, il flotte, ne brûle pas : difficile de ne pas le remarquer. On écorce l'arbre complètement à hauteur d'homme, ce qui le laisse nu, tout rouge. Peu à peu, le liège repousse, plus ou moins vite selon les endroits, et, après une dizaine d'années, le précieux manteau de l'arbre est à nouveau prélevé.

Mais ce n'est que récemment que le liège a trouvé une place aussi importante dans la construction. Grâce à la résitance à l'usure des dalles de liège compressé, on l'adopte volontiers comme revêtement de sols depuis quelques décennies et c'est parce qu'il est constitué d'une multitude d'infimes bulles d'air que ses capacités à une isolation efficace sont exploitées. D'ailleurs, à épaisseur égale, le liège est l'un des matériaux les plus isolants de tous, avec un coefficient de conductivité thermique excellent.

La structure moussue du liège est extrèmement fine, quarante millions de bulles au centimètre cube, invisibles à l'œil nu. C'est un petit miracle cellulaire car les parois de ces microcavités sont élastiques et très solides, une élasticité qui permet au liège de résister à la compression, sans jamais se dilater pour autant, et de revenir tout seul à sa forme originelle. Pas de marque au sol quand on déplace un meuble, pas de rayure. De même, le liège absorbe les vibrations mécaniques, les trépidations des planchers, les bruits de pas. Sa résistance éprouvée lui permet de supporter un trafic intense, dans un hall d'accueil, par exemple.

La structure des cellules de liège, plus fines, plus souples et plus durables qu'aucun produit industriel n'a jamais réussi à l'être, cette structure unique réunit les principales qualités demandées à un isolant phonique, exceptée l'inertie par le poids, et les performances d'isolation acoustique du liège sont très bonnes, surtout dans les sons médiums comme ceux de la voix humaine.

Chimiquement neutre, il ne disperse aucune odeur, aucune substance nocive et ne demande aucune protection artificielle. Il affiche néanmoins une longévité illimitée puisqu'il ne s'effrite pas, ne ternit pas, résiste aux ultraviolets, aux pires intempéries, au gel, aux rongeurs, aux termites et aux insectes. Il ne moisit pas non plus, au point d'être considéré comme imputrescible.

Cette résistance à l'humidité est assez particulière. Le liège a une petite capacité d'absorption de la vapeur d'eau, mais superficielle seulement car c'est en fait un matériau très étanche. Voyez les bouchons. Le fait de ne pratiquement pas absorber d'eau est fondamental car il conserve au liège, aussi longtemps qu'il est en place, toutes ses capacités d'isolant thermique, sachant qu'une laine ou un torchis humides perdent, eux, leurs performances isolantes.

Le liège est non seulement étanche, légèrement hygroscopique, et donc idéal dans une salle de bains ou une cuisine, mais il est également chimiquement imperturbable. Le vin ne l'attaque pas et pourtant certains mauvais vins sont comme du vitriol. Il résiste aussi aux hydrocarbures et à la plupart des solvants, ce qui permet, en cas de besoin, de le nettoyer sans risque de détérioration.

Isolant thermique, phonique, hydraulique, mais également électrique puisque le liège ne conduit pas l'électricité et n'accumule pas d'électricité statique. Décidemment, c'est un matériau sécurisant. Encore plus sécurisant d'ailleurs quand on connaît sa grande résistance au feu. Il est très difficilement inflammable et ne libère ni produit, ni fumée toxique, toujours possibles à fortes températures.

Le liège destiné à la construction est issu de la première récolte des chênes mâles, trente-cinq années après leur plantation. En effet, celle-ci est trop chargée en subérine pour servir à la fabrication de bouchons de bouteilles qui donneraient un mauvais goût au vin. Par contre, cet excès de subérine fait notre bonheur car c'est une sorte de colle qui permet d'agglomérer le liège sans rien changer de sa composition. Il suffit d'en chauffer des morceaux, pas trop fort, de les gonfler à la vapeur d'eau et de les triturer avec douceur pour qu'ils s'agglutinent en gros blocs expansés que l'on pourra alors découper en tranches. Aussi le liège peut-il se prévaloir de n'utiliser aucun produit exogène dans sa transformation. De plus, les matériaux de liège utilisés en isolation sont en fait obtenus par l'exploitation de déchets autrefois inutilisés, du recyclage en somme.

Ce recyclage est d'ailleurs possible en fin d'utilisation, préférable à une élimination qui sera de toute façon sans dommage pour l'environnement. Si on ajoute que le liège est très léger, que son transport est donc aisé et que sa mise en œuvre ne nécessite aucune énergie supplémentaire, on a là un produit au bilan écologique très favorable. Terni, il est vrai, par le fait qu'il vient de pays étrangers, pas très lointains mais un peu quand même : Afrique du Nord, Portugal, Espagne. Là-bas, de plus, le liège n'est pas toujours exploité dans un grand respect des travailleurs et de l'environnement.

La légèreté du liège est un atout important. Une toiture isolée avec des panneaux de liège peut conserver ce matériau en apparent à l'intérieur, ce qui évite la pose de lambris ou de parements, et donc du poids sur les structures qui pourront donc être réduites.

Le liège garde indéfiniment son aspect chaleureux et naturel. Il peut être ciré mais aussi recouvert de papier peint ou d'un revêtement végétal collé. Il peut aussi être peint, à condition d'utiliser la bonne peinture, ou enduit mais alors un produit sans résine synthétique ne tiendra pas bien. Il y a, paraît-il, la colle à la chaux qui peut faire l'affaire, mais finalement, la seule façon de conserver au liège l'ensemble de ses qualités est de le laisser dans son état d'origine.

Le problème ? … Heu… le prix. Les carreaux pour sols ou bien les panneaux isolants en cent millimètres, d'épaisseur c'est plus ou moins quarante-cinq euros le mètre carré, le liège en vrac, un peu plus de la moitié. Mais, comme nous l'avons déjà vu, investir dans l'isolation est une bonne affaire. Et, avec le liège, c'est investir dans un produit inaltérable, définitif, indémodable, sûr, sain, performant, confortable et sécurisant. Sans aucun doute, le jeu en vaut-il la chandelle.

Nos fabricants français de produits en liège envisagent de créer une AOC, basée sur un cahier des charges sévère, de façon à garantir une production de grande qualité. En effet, il est quasiment impossible de détecter sur le marché les produits en liège qui ne sont pas agglomérés de façon absolument naturelle.

Certains fabricants, étrangers plutôt, n'hésitent pas à employer des liants chimiques en complément de la subérine, profitant néanmoins de l'image de salubrité irréprochable du liège. Aussi la création d'une aoc irait-elle plus loin qu'un simple label dans l'exigence de qualité, non seulement pour le produit lui-même mais aussi pour l'impact de son exploitation en termes environnementaux et sociaux. Je me promets de suivre l'affaire et d'en rendre compte au fur et à mesure de son évolution car ce sympathique projet touche à la qualité des produits mais aussi aux conditions de leur production, comme la gestion des espaces forestiers, le renouvellement des plantations, les équilibres écologiques, la biodiversité, ainsi que la conservation des savoir-faire artisanaux et de l'immémoriale culture du liège.

   

 

 

 
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