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La chaux et les sables
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LA CHAUX

Les écoconstructeurs, fâchés contre le ciment bien trop énergivore mais aussi trop étanche, sont généralement des inconditionnels des mortiers à base de chaux, un liant tout aussi efficace mais plus traditionnel, plus sain, plus beau, plus respirant, plus tout quoi ! Plus corrosif aussi, plus long à durcir et donc quelque temps plus friable, mais en prenant les précautions nécessaires tout se passe bien. De toute façon, le ciment est fabriqué à base de chaux tout autant, mais additionnée d'argiles, de silices et de minéraux divers.

Durant les soixante dernières années et avec l'hégémonie du ciment, la disponibilité des chaux chez les revendeurs de matériaux de construction est devenue restreinte. En 1900, selon Balthazard et Cotte, on consommait près d'un million de tonnes de chaux et ce chiffre est tombé à 5.000 tonnes dans les années 70 pour remonter à 100.000 tonnes aujourd'hui. Chaux et ciment, malgré des qualités différentes, ont pourtant le même usage : ils sont le liant de mortiers de grande dureté qui, associés avec du sable, des pierres, des briques, des billes d'argile expansée, du liège et/ou des fibres végétales, donnent toute une gamme de possibilités constructives. On se sert des mortiers pour maçonner, bâtir et enduire. Pour décorer, avec des enduits de finition ou des peintures, le ciment n'est pas employé mais la chaux, si, ô combien ! Stuc, tadelakt, enduits fins, fresques, badigeons, gobetis, jointoiements...

Des chaufourniers, il en existait partout de par le monde, partout en Europe, partout en France, partout dans chaque région ou presque. Les premiers ont été égyptiens, 2600 ans avant notre ère. Le plâtre était déjà connu à cette époque car il était, lui aussi, obtenu par la décomposition thermique (calcination) du gypse mais à moindre température (120°C). Pour la chaux, il faut donc du calcaire le plus pur possible, des forêts pour chauffer le four aux alentours de 800 degrés et voilà. Les régions pourvues d'argile ont vu fleurir les tuileries et briqueteries et les régions calcaires se sont orientées sur la pierre taillée, le tuff, la chaux. Les carrières italiennes ont fourni la chaux qui a permit aux romains de l'Antiquité de bâtir autant de maisons, thermes, villas, aqueducs, fortifications, temples, routes.

Les carrières de calcaire jouent un rôle primordial dans la qualité de la chaux. Il y a des terroirs. Avec le temps, la chaux des meilleures provenances s'est vue favorisée et les petits chaufourniers locaux ont cessé de produire tandis que les plus gros, grâce aux transports, se sont développées et industrialisées. On peut visiter dans de nombreux villages d'anciens fours à chaux abandonnés. Il y a des terroirs, il y a des recettes... Après tout, c'est comme la cuisine. Selon le moment de la cueillette du fruit, il faudra rajouter plus ou moins de sucre à la confiture. Pour les foies gras, s'ils sont d'oie ou de canard, ils ne seront pas assaisonnés pareillement et leur cuisson sera adaptée. Pour tout ce que la nature nous donne, il y a des variations, des mélanges, le travail du temps. Pour la chaux, la recherche de la meilleure qualité possible conduisait traditionnellement à une adaptation des méthodes au calcaire de départ, différent s'il s'agit de falaises maritimes ou de marbre d'Italie. C'est ainsi que, en 2012 encore, la Grèce proposait des chaux artisanales dont une chaux en pâte exceptionnelle par sa matière première très pure autant que par le savoir-faire de sa fabrication. Elle était cuite à 800° maxi, ce qui lui allait le mieux. Mais partout, dans tous pays, les fours industriels sont maintenant allemands et ils produisent à 1000° toute la chaux vive du monte.

Ainsi, dans le cadre des regroupements industriels européens, la Grèce, malgré sa longue histoire avec la pierre, a dû démanteler son activité de chaufournage. Et oui... que ce soit pure ou pour les ciments, de la chaux, il en faut beaucoup, beaucoup. Voilà donc un enjeu économique déterminant qui n'a pas échappé à nos investisseurs. Après une longue série de fusions de producteurs en France et suite aux rachats d'entreprises par des groupes allemands, les acteurs de la chaux en Europe sont de moins en moins nombreux et ils produisent à grande échelle des chaux et ciments de plus en plus standardisés et de plus en plus éloignés du haut de gamme... Il en est ainsi des tomates, des conserves, des patates, de tout ce qui finit en grande distribution. Les qualités, la diversité, les spécificités se perdent et on ne trouve plus que quelques produits catégoriels chez les revendeurs locaux et non pas de vraies chaux tel qu'on l'entend dans la restauration de monuments historiques, par exemple, sans parler de quoi ressusciter les fresques à l'ancienne sous les coupoles des églises. Heureusement, l'éco-construction et la rénovation du patrimoine sont des moteurs puissants du retour de la chaux dans nos truelles. Avec le renchérissement du coût de l'énergie, on peut imaginer que cela redonnera leur chance à des carrières locales abandonnées, dont certaines donneront des chaux très très pures pour la décoration, par exemple.
 

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