Editions de La Pierre Verte

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Isolation


On le sait, un kilowatt/heure coûte en moyenne trois fois moins cher à économiser qu'à produire. Aussi les politiques d'isolation consituent-elles le plus rentable des gisements d'énergie. Une bonne isolation thermique conduit à des économies qui varient de cinquante à cent pour cent (oui, oui) de la consommation du chauffage, qui, en France, est très souvent, beaucoup trop, électrique. Étant donné que le chauffage des ménages français, de tous types, représente la moitié de leur consommation énergétique totale, on voit que les économies par l'isolation ont une ampleur potentielle phénoménale. Une politique d'économies d'énergie qui ne se préoccuperait pas de l'habitat aurait donc une portée très limitée.
Or, quatre-vingt-huit pour cent des habitations françaises ont été construites avant les chocs pétroliers des années soixante-dix, à une époque où l'or noir coulait à flot. Depuis ces crises par conséquent, une politique nouvelle a été engagée : électricité nucléaire et isolation des toitures. Est-ce un mieux ? La réponse est non car les remèdes employés contre notre soif pétrolière sont pires que le mal : rayonnement atomique, fibres de verre, mousses chimiques, etc.

Pourtant une prise de conscience a émergé de ces années-là, aboutissant à la conviction que l'isolation des habitations est nécessaire, quelle que soit l'énergie utilisée. Nous avons tous compris que les ressources étaient limitées et que notre consommation effrénée allait les épuiser en quelques brèves décennies. La crise a été salutaire, comme toutes celles que l'humanité traverse et dont elle a su triompher, sinon nous ne serions pas là pour en parler. C'est comme pour l'individu, les expériences sont toujours profitables… tant qu'elle ne nous conduisent ni à l'hôpital psychiatrique ni au cimetière. Bref, le grand public, mis en face de ses factures "fin de siècle", a changé d'attitude et s'est mis à l'isolation, avec l'encouragement des pouvoirs publics, eux-mêmes fortement influencés par quelques lobbies, celui du verre par exemple. Et c'est là que le bât blesse. Les méthodes et les produits industriels utilisés pour l'isolation des bâtiments se montrent médiocres à cette tâche et gravement polluants. Bien loin d'apporter une aisance nouvelle, ils engendrent des inconvénients et des dangers sanitaires nouveaux.

Dans les constructions classiques, de nombreux travaux d'isolation ont été bâclés car ils sont cachés dans les murs ou les combles et sont donc difficiles à vérifier. Le gâchis en énergie est considérable. Selon certains, trente pour cent seulement des maisons françaises sont correctement isolées, et dans ce chiffre la plus grande part provient des maisons neuves. En effet, après dix ans d'existence, ce ne sont plus que dix à quinze pour cent des habitations qui profitent encore d'une isolation efficace. La laine de verre n'a qu'une faible durabilité car elle se tasse si l'on ne prévoit rien. Les fibres se cassent pour un rien, puisqu'elles sont en verre... Le vent, le passage de bébêtes, le temps, on n'y peut rien, les laines minérales se tassent rapidement, tandis que celles à base de matériaux organiques sont souples et reviennent en place, même si on les écrase. Quant aux panneaux de polystyrène, leur substance même se dégrade avec le temps, ils deviennent poreux, sont creusés par les rongeurs qui en font des miettes dont ils garnissent leurs nids, et ils perdent leur efficacité.
Il n'en reste pas moins que, à condition de se tourner vers des solutions saines et renouvelables, isoler les habitations reste une priorité écologique.

Une maison super-isolée n'a pas besoin de système de chauffage. Si elle est à vingt degrés sans perte, elle reste à vingt degrés. Il faut toutefois renouveler l'air pour respirer sainement mais l'énergie dégagée par les habitants et les appareils électriques allumés peut suffire à compenser les pertes par renouvellement d'air. Il existe même des échangeurs d'air capables de récupérer la moindre calorie qui tente de s'échapper. L'expérience a été faite à Londres de la construction de bureaux sans chauffage, abrités dans une structure en acier et verre spécial. Avec une isolation extrêmement poussée, la présence du personnel et des ordinateurs y fait régner une température suffisamment confortable. Une isolation renforcée peut donc éviter l'investissement dans une chaudière et des radiateurs. On pourra se contenter d'un ou deux petits radiateurs électriques à infra-rouges ou accumulation, alimentés en éolien, bien sûr, pour les moments et les endroits nécessaires. Limite illusoire ? Je demande à voir. Plus sûr : un petit poêle à bois qui pourra suffire dans la plupart des cas.

ImageDoubler au minimum l'isolation par rapport aux normes actuelles me paraît tout à fait souhaitable. Il ne faut pas avoir peur d'en mettre. Les professionnels vous diront, avec courbes à l'appui, qu'il n'est pas utile d'en faire autant. Mais le choix entre une chaudière puissante et une isolation performante a été pesé et le renforcement de l'isolation, peu courant il est vrai, reste néanmoins la solution la plus profitable à tous points de vue. De plus, qu'adviendra-t-il du prix des carburants fossiles dans les années qui viennent ?

Il y a une différence fondamentale entre les isolants modernes et les isolants naturels : les premiers sont totalement imperméables tandis que les autres ont toujours une capacité à absorber l'humidité et à sécher par la suite. Quand les matériaux d'isolation moderne, verre, polystyrène, provoquent de la condensation et créent une sensation d'étouffement, les isolants naturels régulent l'hygrométrie et les échanges gazeux en créant une atmosphère agréable et vitalisante. C'est exactement la même différence qu'il y a entre porter des sous-vêtements de nylon, un pull polaire et un blouson synthétique, ou bien des sous-vêtement de coton, un pull en laine et un blouson de cuir. Par ailleurs, lorsque, par accident, ruissellement ou condensation, de l'eau imprègne un isolant moderne, il s'abîme et perd ses performances. Si la même mésaventure survient à un isolant naturel, il est capable d'absorber les excès et de sécher dès que l'atmosphère le lui permet pour retrouver ses qualités d'origine. Cette capacité hygroscopique des matériaux écologiques est l'une de leurs qualités de base et elle apporte un bien-être fort apprécié.

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Photo Gérald Hadelin

La souplesse des matériaux isolants naturels est un autre atout important. Je me souviens avoir vu, lors d'un salon, un enfant en tricycle rouler involontairement sur un pan de rouleau de laine de chanvre exposé là. La maman a cru que l'enfant avait abîmé la laine et qu'elle était perdue. Mais je lui ai demandé de regarder l'état de cette laine de chanvre après le passage du tricycle : en quelques secondes,  elle avait retrouvé tout son gonflant. Là où une laine de verre se brise - normal, c'est du verre - une laine végétale ou animale résiste beaucoup mieux.

Les isolants naturels sont assez onéreux, il est vrai. Mais est-ce une raison pour se calfeutrer dans une maison désagréable et empoisonnée de toutes parts ? Les isolants naturels, eux, n'ont aucun inconvénient sanitaire et peuvent être manipulés et côtoyés quotidiennement sans danger. On ne peut pas vraiment en manger mais presque. Qu'ils soient animaux, minéraux ou végétaux, les isolants naturels sont toujours chimiquement neutres et recyclables, parfois même compostables. S'ils ont été sélectionnés pour devenir des isolants, c'est qu'ils ont déjà une histoire : liège, lin, chanvre, bois et cellulose, argile expansée, sont des matériaux connus, dont les caractéristiques sont bonnes pour l'usage auxquels ils sont destinés.

Dans la réussite d'un isolant écologique, des points sont marqués lorsque le produit est fabriqué avec des déchets perdus d'autres fabrications. C'est le cas pour la majorité d'entre eux. Liège, chanvre, lin, cellulose, fibres de bois, proviennent du recyclage de déchets et ne demandent donc pas de procédé de transformation compliqués.

Enfin l'essentiel : un isolant écologique doit être renouvelable, ce qui exclut tous les produits utilisant des plastiques, des films métalliques et autres composants industriels. Seul ce qui pousse en terre ou sur le dos des animaux peut être considéré comme réellement renouvelable.
 

 

 
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