Editions de La Pierre Verte

Tout sur l'Ecoquille

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Financement

On parle d'une bulle spéculative, mais la tendance est lourde. Quelques pour cent de baisse possible ne viendront pas changer grand'chose et il faut s'attendre à devoir changer notre vue sur le foncier. Car les prix des terrains et maisons deviennent si importants qu'ils rendent tout projet d'habitat de plus en plus aléatoire. Là où on voulait mettre 15.000 euros dans le terrain et 100.000 dans la construction, il faudrait aujourd'hui inverser les chiffres... Voyez en Bretagne : à moins de trente kilomètres de la mer, les terrains dépassent les 200 euros au mètre carré ! En Paca, c'est pire encore. Un lopin de sept cent mètres atteint 200.000 euros ! Avec ça, il ne reste qu'à peine de quoi bâtir une petite maison en paille, ce qui pourrait effectivement contenir en 15.000 euros tout compris.
Les prix des terrains à bâtir explosent partout car un flot continu d'acheteurs déferle vers les charmantes campagnes et les splendides côtes ou montagnes de notre beau pays, que ce soient des Parisiens d'origine provinciale qui retournent au soleil sur leurs vieux jours ou bien des retraités de l'Europe du Nord et de Grande-Bretagne immigrant chez nous en masse pour y mener une douce existence.
Voilà où nous en sommes : un marché immobilier de plus en plus tendu et des prix qui grimpent. La plupart des accédants à la propriété ont un mal fou à trouver une parcelle constructible à prix correct. C'est au point que beaucoup recherchent des astuces pour contourner la loi et s'installer sur des terrains non constructibles, de loisirs ou agricoles, une méthode à risque.
C'est là que les maires des communes peuvent jouer un rôle important. Ils peuvent, par exemple, à l'occasion des nouveaux PLU, créer des réserves foncières dont les prix sont bloqués pour contrer la spéculation immobilière.
Mais hélas, trop souvent, c'est bien parce qu'ils ont des terrains à vendre que certains se font élire au Conseil municipal. Comment faire ?!

 
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"Mais... Construire écologique, c'est plus cher, non ?"


Ah, la fameuse question ! Elle ne manque jamais d'arriver dans la conversation. Dès que l’on parle d’habitat écologique, c’est l’inquiétude : combien ça coûte ? Il est vrai que lorsque l'on compare les tarifs des matériaux de construction, ce sont souvent (pas toujours) les produits industriels qui sont les moins chers. On en conclut donc, trop vite, que la construction écologique est plus coûteuse. Avec, dans la foulée, le renforcement de la vision d’une société à deux vitesses : d’un côté ceux qui auraient les moyens de vivre sainement, et, de l’autre, ceux qui devraient subir leurs logements malsains et mal foutus.


L’habitat écologique se doit d’être accessible à tous

Les marketeurs s’en donnent à cœur joie. Vous voulez plus de qualité, plus de sûreté sanitaire ? Ok, mais il faudra payer, d’accord ? Des matériaux naturels, des équipements sophistiqués, ah oui, ça va coûter plus cher... Les architectes, fabricants, revendeurs, installateurs, tous ont intérêt à ce qu’un habitat écologique puisse permettre des marges améliorées. On parle d’un surcoût minimal de 10% à 20%, qui serait vite amortit par les économies à l’usage, voyez-vous. C’est sûr, mais à la signature du contrat de construction, désolés, c’est plus cher. Et on atteint facilement les 1800 à 2000 euros le mètre carré en neuf, là où une banlieusette de maçon très ordinaire avoisine les 1500.

Il y a là pourtant une idée totalement fausse, voire un contre sens. L’habitat écologique n’a pas de raison d’être un luxe. Au contraire : à suivre une démarche cohérente, l’écoconstruction devrait être finalement plus économique. Bien sûr qu'une Land-Rover coûte plus cher qu'une Panda, mais la comparaison ne vaut rien quand on voit ce dont ces voitures sont respectivement capables devant un obstacle ou devant les années. Pour les isolants, c'est pareil : la laine de verre ne sera efficace que trois à huit ans seulement. En effet les fibres cassent avec le vent (c’est du fil de verre) et la laine se transforme rapidement en un infame tas de poussières malsaines. Si l’on évalue son coût au nombre d’années d’efficacité, la laine de verre est en fait un produit ruineux. Le polystyrène lui, se délite avec le temps quand il ne sert pas de nid aux rongeurs, tandis qu'une isolation en billes d'argile expansée, en verre cellulaire ou en liège durera cinquante, cent ans et plus, sans perdre un iota de son efficacité. En calculant leur longévité, les matériaux écologiques sont en réalité très économiques. C’est bien comme cela que l’on doit compter, n’est-ce pas ? Lorsqu’on achète une paire de chaussures, on se convainc facilement de la choisir au prix qu’il faut pour qu’elle dure, non ?

Encore ici, ne parlé-je que de finance, alors qu'il faudrait aussi évoquer la qualité sanitaire des matériaux, et donc les coûts médicaux collectifs, leur innocuité dans l'environnement, et donc le coût du traitement des déchets et des mises en décharge, et même la valeur et le nombre des emplois qu'ils génèrent. Puisqu’en effet, de toute façon, ce que l’on ne paie pas à l’achat, on finit souvent par le payer par les taxes et les prélèvements. Ainsi, l’amiante était effectivement économique à l’achat, et ce sont nos enfants qui paieront la différence en indemnités et soins pour les centaines de milliers de victimes, en impôts pour la dépose et l’enfouissement de ces matériaux toxiques.

À ce moment, on me répond :
- Oui, sans doute que ce n'est pas la même chose, mais mon budget n'est pas extensible et j'ai prévu au plus serré.

Alors c'est l'architecture qui doit jouer. En particulier sur les volumes de matériaux nécessaires à la construction. Imaginez une pièce ronde de 9 m2. Il faut 21 m2 d’enveloppe pour la recouvrir d’un dôme, tandis que, pour le même surface au sol, une enveloppe en forme de boîte à chaussure fera facilement 50m2. De façon générale, une maison compacte à étages représente moitié moins de matériaux à acheter, transporter et à mettre en œuvre qu'une maison de plain-pied aux volumes complexes. Et si c'est la moitié, on peut investir dans la qualité pour un budget moindre, non ?

On peut donc construire bien mieux, en optant pour des solutions assez différentes. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. La plupart limiteront la dépense et laisseront des disponibilités pour adopter d'autres alternatives, certes un peu onéreuses au départ, mais aisément amortissables, comme un équipement solaire, une isolation poussée, des triples vitrages ou une serre bioclimatique. Économiser ici, sans sacrifier à la qualité, pour pouvoir investir là, dans plus rentable encore...


Énergie grise, bilan CO2 et réduction des coûts

Pour obtenir un super-bilan carbone (production de CO2), il y a nécessité d'opérer une révolution de nos habitudes. Le secteur de l'habitat représente la moitié de notre consommation énergétique nationale et un quart des déchets, dont les plus toxiques ! Si rien ne change dans ce domaine, les intentions des uns et des autres ne sont que "paroles, paroles, paroles..."

Le pire, c'est que la bonne volonté et le manque d’information du public le conduisent à surconsommer : des murs plus épais pour être plus isolants, des équipements nouveaux (appareils "économiseurs" en plastique, métal inox ou peints à la laque, isolés à la mousse de plastique, avec des raccords de PVC, transportés de l'autre bout de la Terre, etc). On ne parle que d'économie de ceci ou cela pour nous faire acheter encore plus... Total : une belle maison "zéro énergie", passive, massive, équipée de tous les gadgets écologiques modernes, et tout et tout, va coûter très cher et peser encore plus lourd sur l'environnement. Elle demandera au moins trente ans pour s'amortir en terme de bilan CO2... Dans trente ans, on économisera donc enfin le pétrole qu'on aura contribué à faire disparaître encore plus rapidement ! Sur une maison ordinaire, ce sont au moins 20.000 euros qui vont à nos pétroliers. Sans être cynique, l'écobuisiness, non merci...

Alors en effet, pour minimiser l'impact environnemental de notre habitat et son prix de revient, deux choses sont nécessaires : une autonomie énergétique la plus complète possible et la moindre consommation d'énergie grise. De quoi s'agit-il ?   

Une maison, ça pèse des tonnes. De deux à trois cents dans les cas ordinaires. Soit une bonne dizaine de contenus de camions. Avant qu'ils ne viennent livrer un chantier, les matériaux ont été extraits de carrières, en quantités bien plus importantes et avec des bulldozers grands consommateurs de gas-oil. Ensuite ces matières premières sont apportées à l'usine où elles vont être transformées, parfois cuites à 1000 degrés et plus, dans des fours alimentés de nos déchets les plus encombrants. Ensuite, ces fabrications sont palettisées, stockées avec des élévateurs, puis chargées dans des camions pour aller chez le grossiste, puis chez le revendeur. À chaque fois, on charge et on décharge les dix camions. Puis, tous les matériaux sont livrés sur le chantier. Puis on les met en œuvre pour bâtir, puis, des années plus tard, on démolit et on mène en décharge. Stop, n'en jetez plus ! Je calcule : 500 tonnes + cuisson +  250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + 250 + + + +  = allez, 12 fois au moins, soit 3000 tonnes !!! Nous construisons 180.000 maisons individuelles par an en France, un million et demi de trajets de poids lourds sur les routes. Et encore ne s'agit-il là que des maisons de particuliers.

Aucun doute : construire des maisons plus légères est à la fois indispensable à la santé de notre environnement et très profitable à celle de notre porte-feuille.


Des solutions concrètes

On assiste depuis quelques décennies à une réhabilitation des méthodes et matériaux traditionnels. Rien ne semble en effet plus économique que des murs en pisé, mortier de terre et de paille. Avec ces méthodes, il n'y a ni achat, ni transport et la mise en œuvre ne nécessite que quelques grandes planches, une dameuse manuelle et des serre-joints... Des millions de maisons sont bâties ainsi de par le monde. Au Maroc, les plus beaux hôtels sont construits selon les traditions et le pisé y est roi pour le grand bien de tous.

Mais le pisé n'est pas seul : les connaissances anciennes, remises au goût du jour , nous donne le choix entre la maison de bois à la scandinave ou en rondins (cinq fois moins lourde), les torchis les plus évolués, les enduits de terre, les murs en ballots de paille et bien d'autres possibilités. Le mouvement écologiste n'est pas étranger au renouveau de ces techniques. Remercions tous les pionniers qui ont voulu partager leur expérience. Ils n'ont pas eu peur de l'originalité et ont prouvé la validité de leurs choix.

Voyons un peu la diversité des matériaux. Une maison ne demande pas à être construite partout de la même façon. L'isolation au nord, par exemple, mérite le meilleur, mais on peut être moins exigeant pour les autres façades. L’isolation parlons-en : du moment que vous enfermez de l’air dans des petites cavités et qu’il ne peut circuler, vous isolez. On peut donc, par exemple, fixer des claustras de bois à trente centimètres à l’extérieur d’un mur et remplir l’espace avec ce que l’on trouve, des canettes de soda ou de bière, du polyane perdu, des pneus, de la paille et de la terre. Même avec un budget limité, des choix pertinents peuvent donner d'excellents résultats.

Ensuite, et ceci est valable pour toutes les maisons, viennent l'électricité, le chauffage, la salle d'eau, la cuisine, les évacuations. Un système d'épuration naturelle est plus efficace et moins coûteux qu'une fosse toutes eaux. Un poêle à bois relié à un mur chauffant est plus agréable et économique qu'une chaudière avec radiateurs. Le chauffage de l'eau domestique avec des capteurs solaires est possible grâce à des appareils parfois simples et souvent subventionnés. Les nouveaux systèmes de commutateurs électriques à ondes radio évitent des mètres et des mètres de fil de cuivre.

Voyons le chauffage : une chaudière moderne à fuel ou gaz avec ses radiateurs et la pose, cela représente huit à douze mille euros, voire bien plus. Parallèlement, par pure habitude, on investira un maximum de deux mille euros d'isolant. Or, si, en triplant le budget isolation, six mille euros par exemple, on peut alors se contenter d'un poêle à bois pour les quelques semaines du creux de l'hiver, on fera des économies à la construction dès le départ, et bien plus à l'usage. Jusqu’à 30.000 euros d’économies au total sur dix ans, et entre 6 et 10 mille euros sur le chantier lui-même.

Et maintenant le recyclage : cheminées, portes ou fenêtres d'occasion, faciles à trouver, sont, une fois rénovées, plus solides et plus belles que celles fabriquées en usine. En cherchant un peu, il est assez facile de récupérer des poutres de bois, de la jolie quincaillerie ancienne, etc. La chose n’est pas valable pour tout et la réutilisation de vieux WC ou cumulus par exemple est un mauvais calcul, eut égard à leur consommation d’eau. Parfois aussi les vieilles tuiles sont trop vieilles et plutôt à éviter. Pourtant, le recyclage soulage généralement le portefeuille, du moment que l'on accepte de gratter et de frotter.

Un autre exemple méconnu : les peintures naturelles, à la caséine par exemple, blanches ou teintées d'ocres naturels, sont très couvrantes et reviennent finalement moins cher que celles en promo au supermarché. Attention toutefois à la couleur, car certains pigments (bleu, vert) peuvent parfois atteindre le prix de l’or.

Après la construction, viendra aussi l'amortissement sur le long terme, où l'on verra que les investissements consentis à l'occasion de la pose d’un système de récupération d’eau de pluie, de panneaux photovioltaïques ou bien d'une construction bioclimatique (simplement bien orientée au sud par exemple), seront effacés par les économies qu'elle réalise à l'usage.

À toutes ces options, une condition : conduire soi-même les travaux, mettre la main à la pâte, imposer ses vues aux fournisseurs et sous-traitants. Car, de fait, rares sont les professionnels disposés à travailler avec des matériaux alternatifs engageant leur savoir-faire, leur temps, leur responsabilité et leur garantie légale. L'écoconstruction est une merveilleuse aventure, pourvu que la maison soit réussie. Que ce soit en sous-traitant des travaux ou en les faisant soi-même, il est nécessaire de rester vigilant et exigeant.

Sans aucun doute, la bonne conception d'une maison permet de marier économie et écologie. Mais hélas, quand l'habitation est construite et que l'on ne s'intéresse aux solutions alternatives qu'au moment de l'isolation intérieure et des peintures, alors oui, c'est un peu tard et il y aura un surcoût. Surcoût qui ne dépassera pas dix ou quinze pour cent, disions-nous, et c'est là que nos convictions vont peser dans la balance, non ?

Soulignons enfin que la qualité écologique des habitations commence à leur donner une valeur vénale supplémentaire. Beaucoup de jeunes couples ou de retraités de l'Europe du Nord cherchent des maisons de qualité et il existe à présent des agences immobilières spécialisées dans la négociation de maisons saines et économes en énergie, toutes à la hausse, c'est prévisible. Car en effet, un habitat bien pensé et bien réalisé permettra un “trois en un” écologique : moins cher, plus confortable et plus sain.

  

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