Editions de La Pierre Verte

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Implantation


Relents de benzène au bord de l'étang de Berre. "Mazout brûlé ou chlore : ici, ça pue huit mois sur douze !" Ah, le chlore ! Dans cette région des Bouches-du-Rhône où les cheminées fleurissent tous azimuts, ils étaient des milliers à subir depuis trente ans les méfaits de la pollution olfactive. Les odeurs qui flottaient ici étaient fortes, insistantes. Elles piquaient les yeux, brûlaient la gorge. Impossible de déjeuner au jardin, de prendre des bains de soleil. Fenêtres fermées, même par trente degrés, ventilateurs à fond, chacun luttait comme il pouvait.
Pendant des années, les écologistes de la région ont eu le sentiment de se battre contre des moulins. Malgré les plaintes adressées à la drire, aux mairies et aux industriels, il fallut attendre très longtemps pour qu'elles soient suivies d'effet. De réunions en pétitions, les riverains ont obtenu une étude d'olfactométrie. Deux cents volontaires des communes concernées, aux côtés de professionnels, ont, pendant un an, "sniffé" l'atmosphère. Le nez au vent, jour après jour, ils ont poursuivi les puanteurs pour la cause. Après une année de recherches, six sources furent identifiées et les installations incriminées ont dû subir des transformations. Une situation que les entreprises ont accepté de changer sans sourciller, écologie oblige. L'affaire, ici, se termine bien. Mais les odeurs étaient suffisamment évidentes pour être repérées. Quant au si joli champ de tournesols, là, devant la baie vitrée, il recevra peut-être plusieurs fois par an un épandage de lisier de porcs si puant qu'on n'aura plus que la ressource de passer quelques nuits à l'hôtel.
Il n'en est pas de même pour toutes les nuisances et chacun se souvient du film avec Rochefort, Bedos, Brasseur et Lanoux, où ils achètent une maison de campagne près d'un aéroport, un jour de grève des aiguilleurs du ciel, et qui découvrent le lendemain qu'ils sont installés en bout de piste.
Pour repérer toutes les nuisances possibles, il faudrait pratiquement passer une année entière en camping sur son terrain. Les bruits, par exemple, peuvent être très différents le jour ou la nuit, la semaine ou le week-end, l'été ou l'hiver, selon l'environnement. On sera probablement réveillé tôt le dimanche matin si l'on habite près d'un terrain de tennis. Certains bars-restaurants de village bien tranquilles deviennent de vraies discothèques non insonorisées le samedi soir.
Au milieu des grands champs agricoles, il faut s'attendre à quelques nuits blanches au moment des récoltes qui se font maintenant à toutes heures, et de préférence la nuit, avec des moissonneuses titanesques. Autre inconvénient des grands champs, ils sont fréquemment traités et l'on aura donc l'occasion de respirer de belles bouffées de pesticides divers.
Et les chiens ? Comment se prémunir de leur raffut ? Il n'est hélas pas de recette et ce n'est pas parce qu'aucun chien n'existe dans le voisinage que cela ne se produira pas ultérieurement. Si les maisons les plus proches sont à cent mètres, les aboiements seront tolérables mais, dans un lotissement, il ne reste plus qu'à prier pour que personne n'élève de caniche ou de molosse trop bavard. Rappelons quand même que, tout à fait officiellement, la moitié des urgences hospitalières pour les enfants provient d'accidents dus à des chiens.
Si je décris ici les nuisances de la campagne, c'est que celles de la ville sont encore pires et plus évidentes. Qui n'a jamais été réveillé à trois heures du matin par un pot d'échappement de cyclomoteur trafiqué démarrant en trombe au plus proche feu rouge ? En ville, le bruit et la pollution atmosphérique se perçoivent tout de suite et, pour bon nombre de mes lecteurs, y habiter est un compromis temporaire, juste le temps pour eux de concrétiser un projet d'habitat au calme de la nature.

 

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